Notre démarche

La Fédération des Aveugles de France a lancé en 2007 le programme Pré-lecture/langage/représentations pour favoriser, chez les jeunes enfants aveugles ou déficients visuels, l’éveil de la conscience de l’écrit, ainsi que  le développement du langage et des représentations.

Pourquoi Pré-lecture/langage/représentations ?

Le langage est au cœur du développement psychique de l’enfant et le reste pour tout humain en devenir.

Se sentir à l’aise  dans le maniement du langage, se saisir  de l’écrit comme code spécifique et pouvoir l’utiliser avec confiance détermine fortement notre accès à la connaissance, à une vie sociale riche et plus largement conditionne notre avenir.

La déficience visuelle limite les expériences perceptives précoces. Un tout petit enfant aveugle ne voit pas les images, ne peut suivre les mouvements des objets.

La littérature enfantine lui est difficilement accessible. Le bain conversationnel qui l'entoure, les termes dans lesquels on  s'adresse à lui s'appuient sans cesse sur des références visuelles

Beaucoup de structures interrogées, apportant des aides éducatives précoces observent des déficits de représentation et déplorent un manque d'outils. Néanmoins, des compensations riches et efficaces sont possibles. Elles sont explorées dans ce programme.

Illustration par la photo d'un voilier, qui file au loin sur l'eau agitée de vaguelettes          Illustration par la photo d'un arbre très haut  et très ramifié, vu en contreplongée      Illustration par la photo d'un merle, perché en haut d'un réverbère, ciel et nuages en arrière plan.        Photo d'un enfant qui explore avec les mains les fines racines dénudées d'un arbuste.                         

La littérature enfantine au centre du dispositif

Lire un livre à un petit, c'est continuer à le mettre au monde : c'est à la fois lui dire le monde et lui permettre de se dire, de se construire par le langage, en écho à ce qui lui est raconté. 

Nos cinq premières mallettes pédagogiques sont chacune centrée sur la découverte d'une histoire publiée dans un livre album. Les livres destinés aux enfants contiennent des éléments implicites qui vont de soi pour celui qui perçoit le monde par la vue. Leur sens peut être difficile à inférer pour un enfant qui n'a jamais vu ou dont la perception visuelle est très limitée : par exemple la notion de caché : "le petit lapin s'est caché sous les bûches", certaines évocations de mouvements : "l'oiseau s'est envolé"...

Photo de la transcription reliée d'une histoire, que l'on entrouvre. Illustration par la photo d'un merle, perché en haut d'un réverbère, ciel et nuages en arrière plan.  Un enfant explore délicatement une représentation en volume d'un oiseau : ici les pages en plastique, représentées sous le corps en plumes de l'oiseau.   Photographie d'une page d'illustration  tactile faite de plumes très colorées et de diverses matières pour représenter  sur une page le corps d'un oiseau.

Les moyens mis en œuvre

Cinq mallettes pédagogiques existent sous forme de prototypes. Elles sont chacune construites autour d'un livre album, contiennent de nombreux outils,  et servent de point de départ à des ateliers que peuvent mener les structures spécialisées. Les ateliers permettent aux enfants d'approcher   l'univers du récit par de nombreuses expériences, rendues possibles par le contenu de la mallette, toujours reliées à des activités de langages, vécues dans l'interaction et étayées par les professionnels encadrants.   

Pour les équipes qui en font la demande ces mallettes peuvent être dupliquées et leur être remises  au cours d'une session de formation. Des outils pour l'observation du déroulement des ateliers sont alors présentés.

La mutualisation des observations  se fait à travers des journées annuelles d'échange des pratiques, organisées par la FAF, et à travers le réseau proposé par ce site.

La dimension recherche 

Observer, mutualiser la réflexion, transmettre, ouvrir de nouvelles pistes de recherche…

La  dimension très concrète des ateliers, l’observation attentive des situations et des interactions qui y prennent place, l’exercice de l’auto-observation par les équipes qui les animent dans la pluridisciplinarité, tout cela permet un enrichissement des pratiques très apprécié des professionnels. Des partenariats entre la Fédération des Aveugles de France, plusieurs  structures spécialisées et des chercheurs ouvrent sur des pistes de recherches nouvelles, notamment dans les  domaines de la psycholinguistique, de la psychologie du développement, des sciences du langage…

La conceptrice du projet

Régine Michel a conçu et développé de 2006 à 2016 le programme pré-lecture/langage /représentations. Elle a ancré cette démarche dans la pluridisciplinarité, après avoir mené une étude des besoins de novembre 2006 à mars 2007. Elle a développé les outils et les actions en lien étroit avec des professionnels formés aux compensations spécifiques dédiées aux jeunes déficients visuels – psychomotriciens, éducateurs de jeunes enfants, orthophonistes, psychologues… –  qui travaillent dans des services partenaires de la Fédération des Aveugles de France. Son expérience professionnelle antérieure inclut 17 années dans le domaine de l'édition adaptée au sein de Benjamins Media, avec une spécialisation dans  l'apport des  moyens  sonores pour la construction des représentations.

Régine Michel, portrait.